Detour

Les premières notes emplissent l’espace.
Bientôt une voix s’élève. La langue claque, les mots fusent. Les textes parlent de solitude, de masques sociaux, de ceux qui s’aiment, qui sont toujours un peu les mêmes et des enseignes Sarthoises dont le nom contient un jeu de mots avec « Le Mans ». Ça vient des tripes.
Tour à tour, la musique s’intensifie, devient nerveuse puis s’adoucit, laissant place à de vrais instants de grâce. Rien n’est calé, tout est maîtrisé. Cordes frottées et cordes vocales.
Puis, la voix quitte le micro et se lance dans le vide. Cinq minutes d’improvisation en prose. Ça monte, ça crache, ça se tend. Il n’y a plus de filtre.
Un bout de papier déplié, l’archet grince une dernière fois et le silence retombe.

Applaudissements

Août 2020. La pandémie fait rage. En Sarthe, un collectif se constitue pour permettre à des artistes de jouer. Parmi eux, le contrebassiste Paul Rogers et le slameur HDW. Le premier a 60 ans, a vécu à l’autre bout du monde et ne parle pas français tandis que le second a 30 ans, a toujours vécu au Mans et fait de la langue de Molière son cheval de bataille. Mais ça marche. Dès les premières représentations, le duo laisse entrevoir un projet qui dépasse son contexte de création. « Detour » est né.